Canalisant à parts égales la vitesse de la jeunesse et la lourdeur d'une vie bien remplie, le deuxième album d'Upchuck, Bite the Hand That Feeds, est un cheval de Troie par excellence, faisant habilement passer des vagues d'émotions sentimentales et de chansons pop intelligentes sous un voile de rythmes palpitants et de riffs brûlants. Ce qui lie Upchuck, c'est une pureté d'intention, une loyauté organique à un nœud épais d'amitiés, de luttes et de désirs. Ce sont des chansons sur la joie de continuer à vivre, des chansons qui se retrouvent dans la précipitation d'une réalité écrasante, propulsant l'auditeur vers une libération collective, aussi brève soit-elle. Les thèmes de la survie dans la nuit, de l'amour aveuglé par la jeunesse, des fêtes de ruelles imbibées de champagne bon marché et des manifestations de rue chaotiques sont regroupés sous un seul fil conducteur : les besoins que nous avons les uns pour les autres, notre faim commune de connexion. Dans un monde saturé de règles arbitraires et d'un moralisme de papier, Upchuck offre la liberté par la sensation, une sorte de transcendance non sérieuse trouvée dans le tourbillon des corps qui se fondent les uns dans les autres dans la passion de la danse. Avec Bite the Hand That Feeds, Upchuck n'essaie pas de dire à qui que ce soit comment vivre. Au contraire, ils essaient simplement de trouver un moyen de rendre la vie plus digne d'être vécue, à la fois pour eux-mêmes et pour leurs amis - si la musique vous pousse à bouger, vous pouvez aussi bien vous considérer comme leur ami.
Peu après la sortie de leur premier album, Sense Yourself, Upchuck s'est enfui en Californie du Sud pour enregistrer Bite the Hand That Feeds, en faisant appel aux talents de producteur de Ty Segall et en profitant de la tranquillité de son studio isolé de Topanga Canyon. Pour le groupe, les arrangements du multi-instrumentiste, qui a enregistré l’album en live sur bande en seulement 5 jours, ont permis à sa musique d’atteindre une nouvelle dimension sonore. Les fans du vaste catalogue de Segall reconnaîtront sans aucun doute l’ombre de sa patte créatrice sur Bite the Hand that Feeds, que ce soit dans la superposition de polyrythmies, l’utilisation intelligente d’effets bizarroides, et surtout l’omniprésence de ces guitares fuzz, massives et saturées, propres à l’esthétique sonore extrémiste du californien.
Néanmoins, c'est au groupe lui-même que revient le mérite final de l'évolution d'Upchuck, de Sense Yourself à Bite the Hand That Feeds. Après la sortie de leur premier album, Upchuck s'est lancé dans une série de concerts, tournant aux côtés de Fuzz (dont Ty Segall fait partie), Amyl and the Sniffers, Negative Approach, OFF ! et Subhumans. La précision de Bite the Hand That Feeds a été forgée dans le feu de ces concerts, témoignant directement de la puissance de leur présence live : ce sont des chansons faites pour être écoutées accolées à une barrière, soufflées par des amplis de guitare placés si près de vos oreilles que vous pouvez pratiquement tendre la main et les toucher.
Dans son ensemble, Bite the Hand That Feeds offre un portrait sonore de ce que l'on ressent lorsqu'on est jeune et pris dans le frisson de la vie, entre grooves de danse déchirants et diatribes tonitruantes, hymnes de foule anti-sérieux et accroches pop charmantes.
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"Le premier morceau commence à peine et il est clair que l'ingé son a radicalement sous-estimé le niveau de décibels envoyé. [...] Puis c'est l'explosion. La chanteuse KT Thompson hurle à la foule. Le club devient un canon sonique." - Rolling Stone
"Comme tous les meilleurs groupes punk, le quintet d'Atlanta transforme ses émotions brutes en courtes bouffées d'énergie fulgurantes." - Fader